Justice sociale : théorie et pratique ?
Du 10/09/2026 au 11/09/2026
Toute la journée
Détails de l'événement :
Le BETA est partenaire du Centre Gilles Gaston Granger (UMR 7304) – Aix-Marseille Université qui organisera les journées d’études « Justice sociale : théorie et pratique ? », les 10 et 11 septembre 2026 à Aix-en Provence.
Organisation :
Herrade Igersheim, BETA, Université de Strasbourg
Feriel Kandil, CGGG, Aix-Marseille Université
Christophe Salvat, CGGG, Aix-Marseille Université
APPEL À COMMUNICATIONS
Présentation :
Les théories contemporaines de la justice sociale apparaissent dans les années 1970, dans le sillage de Théorie de la justice de John Rawls. Souvent qualifiées de « post-rawlsiennes » ou de théories « non-welfaristes », elles cherchent avant tout à définir ce qu’une société juste doit égaliser entre ses membres — l’equalisandum — et à traduire ces principes normatifs, issus de la philosophie morale et politique, en recommandations de politique publique. Elles ont nourri le débat public sur l’égalité des chances, la redistribution, l’accès universel à la santé et à l’éducation, ou encore le bien-être. Elles ont également inspiré des recherches étendues à l’ensemble des sciences humaines et sociales, pas seulement à propos des questions de répartition et de redistribution, mais aussi sur les thèmes de la justice relationnelle, de la justice intergénérationnelle, de la justice climatique et environnemental, de la justice politique, etc. Le champ de la justice sociale illustre ainsi l’importance du dialogue entre disciplines. Cette diversité peut toutefois donner l’impression d’un paysage éclaté, partagé entre travaux théoriques abstraits et analyses empiriques à la portée plus limitée. Mais cette opposition est-elle si nette ? Les critiques sont variées. Certains reprochent aux théories de la justice leur éloignement des réalités de terrain ; d’autres y voient une ressource idéologique pour les mouvements militants. Dans tous les cas, la tension entre description et prescription — entre jugements de fait et jugements de valeur — reste centrale dès qu’il s’agit de définir le juste et l’injuste.
Ces questions animent depuis les années 1970 les échanges entre philosophes et économistes, amorcés notamment par Rawls, Sen, Arrow ou Kolm. Aujourd’hui, ces débats se poursuivent. Les économistes ont longtemps présenté leurs outils formalisés comme des passerelles entre théorie et pratique ; ils y ajoutent désormais les méthodes de l’économie expérimentale. De leur côté, les théories de la justice se veulent moins abstraites : elles s’appuient davantage sur l’histoire, la statistique et, plus largement, sur les analyses empiriques des sciences sociales, comme en témoignent les théories de la reconnaissance ou du care. Ainsi, même si elles ne dictent pas directement les politiques publiques, les théories contemporaines de la justice offrent un langage commun, des critères normatifs et des outils d’analyse qui influencent les débats sur l’égalité, les droits et la solidarité. Mais quel est leur impact réel sur les décisions en matière de redistribution, de lutte contre les inégalités, contre la pauvreté, contre les discriminations ? Face aux crises et aux défis des sociétés démocratiques, il est utile de réexaminer de manière critique l’ambition de ces théories, à savoir relier un diagnostic de la réalité vécue à un discours prescriptif. Le lien entre les théories philosophiques et économiques de la justice est-il aujourd’hui reconnu à sa juste importance ? Les théories sont-elles réellement entendues dans le débat public ? Méritent-elles de l’être ? Ou bien leur complexité et leur fragmentation ont-elles au contraire brouillé les repères du juste et de l’injuste ?
Ces journées d’étude visent ainsi à la fois à retracer l’histoire de ces théories, de leur émergence à aujourd’hui, et à dresser un bilan critique de leurs apports et de leurs limites. Nous interrogerons en particulier leur capacité à instaurer un véritable dialogue interdisciplinaire entre philosophie, économie et sciences sociales.
Les intervenants mobilisés pour ces journées se pencheront en particulier sur les thèmes suivants :
- Égalité de quoi ? Où en est-on ?
- L’influence croisée de la philosophie et des mathématiques sur les théories de la justice sociale
- Le rôle de l’expérimentation dans le cadre de l’élaboration d’une théorie de la justice
- L’articulation du positif et du normatif via la notion de besoins fondamentaux
- La reconnaissance et la redistribution
- L’articulation entre égalité des chances et égalité des résultats
- Le rapport historique entre le savant, l’expert et le politique dans l’élaboration de dispositifs de lutte contre les injustices
- Justice sociale et égalité d’influence politique
- Justice sociale et justice globale
- Justice intergénérationnelle
- Le prioritarisme et ses développements
- Justice fiscale et redistribution
- Justice sociale et vulnérabilité
Les propositions de communications, en français, prendront la forme d’un résumé développé de deux à trois pages.
Elles devront être envoyées au plus tard le 20 janvier 2026 aux trois adresses suivantes :
igersheim@unistra.fr
feriel.kandil@univ-amu.fr
christophe.salvat@univ-amu.fr
Les réponses seront données au plus tard le 15 mars.
Un numéro spécial des Cahiers d’Économie Politique est prévu suite aux journées (publication prévue à l’été 2027).