Séminaire NANCY – Zéphirin NGANMENI (Université Paris 8)

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Titre : La Constitution dans la carte : preuves issues de trois métropoles françaises

Résumé : Les indices de pouvoir traditionnels offrent des mesures élégantes de l’influence au sein des organes décisionnels collectifs, mais leur hypothèse fondamentale de symétrie des électeurs néglige le rôle essentiel de la géographie dans la formation des alliances politiques. Cette limitation est particulièrement marquée dans les conseils métropolitains, où les intérêts territoriaux et la proximité spatiale sont des facteurs déterminants dans la formation des coalitions. Cet article remet en question le paradigme symétrique en affirmant que la configuration spatiale des municipalités membres n’est pas une toile de fond passive, mais un déterminant constitutionnel actif du pouvoir. À l’aide d’un cadre de jeu de vote spatial et d’un indice de pouvoir généralisé basé sur la distance, nous analysons la répartition de l’influence au sein des trois conseils métropolitains les plus grands et les plus diversifiés sur le plan structurel en France : le Grand Paris monocentrique, le bipolaire Aix-Marseille-Provence et la métropole polycentrique de Lille. Nos conclusions révèlent une divergence systématique par rapport aux répartitions du pouvoir prévues par les modèles classiques. À Paris, la centralité amplifie le pouvoir du centre ; à Aix-Marseille, la position excentrée du poids lourd démographique affaiblit considérablement son influence, brisant ainsi une dictature formelle ; et à Lille, la configuration polycentrique favorise une répartition du pouvoir plus équilibrée et négociée. Les résultats démontrent que la constitution politique d’un conseil s’inscrit autant dans sa carte territoriale que dans ses statuts formels, avec une « géométrie de la pivotabilité » claire qui régit les résultats. Cela a des implications profondes pour la conception institutionnelle et les politiques publiques, révélant que les décisions importantes en matière d’infrastructure et d’aménagement sont intrinsèquement des actes politiques qui redistribuent le pouvoir et offrant un outil prédictif pour concevoir une gouvernance métropolitaine plus équitable.